La Martinique compte 396 espèces d'arbres, soit 3 fois plus qu'en métropole pour un territoire 500 fois plus petit. Parmi elles, 18 espèces sont endémiques de la Martinique, c'est à dire qu'on ne les trouve nulle part ailleurs dans le monde. Cette diversité exceptionnelle a parfois été surexploitée, notamment dans l’industrie du bois, et des arbres sont aujourd’hui menacés. Voici un tour d’horizon des arbres de Martinique.
Les arbres de la forêt de Martinique
De la zone littorale jusqu’au sommet de la montagne Pelée, des formations forestières se succèdent avec chacune leurs arbres emblématiques (source: Les arbres de la Martinique, Poupon).
Les arbres de la mangrove
La mangrove est une forêt de bord de mer soumise à des conditions très particulières en terme de salinité et de submersion. Seul un petit nombre d’essences, les mangles ou palétuviers sont adaptées à ce milieu. Certains d’entre eux apprécient particulièrement la salinité et on les retrouve vers la mer comme le mangle rouge (Rhizophora mangle) avec ses grandes racines échassent qui forment des enchevêtrements, puis le mangle gris (Avicennia nitida) dont les pneumatophores émergent des racines comme des chandelles. Puis vers l’intérieur des terres, appréciant moins la salinité, le palétuvier gris (Conocarpus erectus), le mangle médaille (Pterocarpus officinalis) et le mangle blanc (Laguncularia racemosa) prennent le relai. En Martinique, des zones de mangrove subsistent le long des côtes et notamment celle de la baie de Fort-de-France entre l’aéroport et les Trois-Ilets. Un important travail de restauration de la mangrove a été effectuée sur la zone de la Lézarde auquel la pépinière des Trois-Ilets a été associée pour produire les plants.
Les arbres des plages sableuses
Sur les plages sableuses, et particulièrement dans la moitié sud de la Martinique, à anse figuier ou à Macabou, les mêmes arbres sont toujours représentés :
- le célèbre mancenillier dont le latex peut causer des brûlures mais dont l’efficacité pour retenir le sable et limiter le retrait du trait de côte en font un arbre incontournable
- le raisinier bord de mer (Coccoloba uvifera) aux feuilles rondes et aux nervures rougeâtres
- le catalpa (Thespesia populnea) avec ses jolies fleurs jaunes et souvent confondu avec le mancenillier à cause de ses fruits en forme de pomme verte
- l’amandier (Terminalia catappa) avec sont port étalé à l’horizontale
- le cocotier (Cocos nucifera) que l’on ne peut que remarquer, même si il ne fait pas partie de la catégorie des arbres, dépasse d’une tête les arbres alentours
- et enfin, le poirier (Tabebuia pallida) avec sa belle floraison rose
Le Gaïac (Guaiacum officinale) devenu rare faisait partie de cette formation de forêt sèche.
Les arbres de la forêt sèche de Martinique
La forêt sèche se situe en arrière des formations littorales, à petite altitude. Sa caractéristique est le grand nombre d’espèces à feuilles caduques qui perdent leur feuille au moment de la saison du carême, comme le gommier rouge (Bursera simaruba), qui en fin de Carême ne porte plus que ses fruits sur des branches nues. Il est facilement reconnaissable à son écorce rouge qui se desquame.

Le bois savonnette (Lonchocarpus violaceus) est également courant dans ses zones. C’est une fabacée qui donne des petites fleurs violettes caractéristiques. On peut citer encore le Mapou (Pisonia fragrans).
Lorsque cette forêt se dégrade, elle peut se transformer en savanes à graminées et acacias comme dans le sud de l’île où on va retrouver le bois Ti-baume (croton flavens), le campèche (Haematoxylon campechanium), le bois patate (Calliandra tergemina) avec ses plumets rose vif.
Les arbres de la forêt mésophile
La forêt mésophile (semi-humide) se trouve plutôt dans le Nord de l’île, même si elle est représentée ponctuellement dans le Sud quand les conditions hygrométriques s’y prêtent, comme la forêt Montravail à Sainte-Luce. Contrairement à la forêt sèche, la strate des plus grands arbres dépassent les 20m avec le fromager aux contreforts reconnaissables et aux épines sur le tronc (Ceiba pentendra), le courbaril (Hymenaea courbaril) avec ses feuilles par paires et son fruit à la pulpe comestible, l’acajou (Cedrela odorata). Une strate d’arbres plus modestes de 10 à 20m de haut comprend le bois d’inde (Pimenta racemosa) avec ses feuilles si utiles comme épice en cuisine, le Pois doux (Inga laurina) aux nervures et le Bois côtelette (Citharexylum fructicosum) dont les grappes de fleurs blanches produisent une odeur enivrante. Le cré-cré (Miconia laevigata) ou bonbon bleu fait partie de cette formation, dans la strate arbustive.
Les arbres de la forêt humide
Enfin, la forêt humide, avec son humidité de plus de 90% recouvre les plus hauts reliefs de l’île (Montagne Pelée, Pitons du Carbet, Morne Jacob). Elle est caractérisée par la présence d’un grand nombre de plantes épiphytes comme les orchidées, les broméliacées (ananas bois), des fougères arborescentes et des lianes comme l’aile à mouche. A noter que les espèces arborées endémiques de la Martinique poussent pratiquement toutes dans ce milieu. Ici les arbre peuvent atteindre les 40m de haut, aux fûts droits et élancés comme le Châtaignier grandes feuilles (Sloanea massoni), le Châtaignier petites feuilles (Sloanea truncata) dont les fruits ressemblent à s’y méprendre à la châtaigne d’Europe. Le Gommier blanc (Dacryodes excelsa) dont on extrait une résine blanchâtre utilisée comme encens fait également partie de cette strate la plus élevée de la forêt humide. La strate des arbres moyens est différente de celle de la forêt semi-humide. On y retrouve plusieurs lauracées comme le laurier isabelle (ocotea cernua), le laurier gombo (ocotea dominicana), le bois négresse (Ocotea coriacea).
=> Pour connaître le milieu auquel appartient un arbre de Martinique, vous pouvez consulter gratuitement la base de données AAA Martinique qui recense les arbres, arbustes et arbrisseaux en permettant un classement selon vos critères (milieux, valorisation, statut de protection, etc).
Les arbres des jardins et des zones agricoles en martinique
Dans ces zones, ce sont les arbres fruitiers qui dominent, que ce soit par intérêt économique ou une certaine valeur sentimentale : arbre à pain, cachiman, avocatier, cacaoyer, calebassier, pomme d’eau ou surrette cochon.
Les arbres exploités pour le bois en Martinique
Les peuplements artificiels de Mahogany grandes feuilles (Acajou du Honduras), plantés au milieu du XXe siècle pour pallier la déforestation de l’île, forment aujourd’hui l’essentiel des zones de production en forêt publique qui sont dédiées majoritairement à la protection et à la conservation (source : onf).
D’après l’ONF, l’exploitation qui subsiste actuellement en forêt privée en Martinique concerne quelques plantations de Mahogany (le bois que l’on appelle acajou des Antilles), des essences indigènes (Poirier peyi), et la fabrication de charbon de bois avec le campêche notamment (Haematoxylon campechianum) ou le Bois cannelle (Canella winterana).

Citons le laurier rose montagne (Podocarpus coriaces), un arbre à l’écorce noirâtre de 10 à 15m de haut. Son bois jaune rouge veiné est apprécié en ébénisterie. Le poète guadeloupéen Laurent Vaïtilingon, ancien de l’ONF le célèbre dans ses Variantes tout en dénonçant son exploitation massive qui l’a menacé:
« (…) En planches ou en carrelages tu
quittais la forêt,
L’ébéniste content, préparait son foret
(…)
Ta valeur a engendré ta rareté.
Sur le marché, des concurrents t’ont déprécié.
(…) »
Le bois rouge carapate (Amanoa caribaea) donne un bois très dur qui était utilisé pour les charpentes, les parquets. Le bois bandé (Richeria grandis) est connu pour d’autres propriétés que la construction et la fabrication de planches puisqu’on lui prête des vertus aphrodisiaques.
Le Résolu ou bois Rivière (Chimarrhis cymosa) est
un bois jaunâtre et flexible, recherché pour la charpente, les boiseries, la
marqueterie. Le gommier blanc (Dacryodes excelsa) a servi longtemps dans la
fabrication des embarcations dits gommiers, comme le poirier (Tabebuia
heterophylla).
L’acajou blanc (Simarouba Amara) est utilisé en ébénisterie pour la fabrications parties intérieures des meubles, caisses, cloisons mais aussi en lutherie. Sa sylviculture est très difficile, voire impossible. Le bois du courbaril (Hymenea courbaril) a été surexploité aux Antilles, étant très prisé par les ébénistes. Le bois de rose (Cordia alliodora) est très recherché pour la qualité et la beauté de son bois, là encore célébré par Vaïtiligon:
« (…)Fraîchement débité, ton bois devient
rose
Rappelant les fleurs odorant la rose
L’artisan se réjouit des reflets de ton bois
Le meuble bicolore laisse le visiteur coi. »
Nous terminerons cet inventaire non exhaustif avec deux arbres aux noms évocateurs: le Tendre à caillou (Acacia muricata) dont le bois dur le destine à des utilisations pour les pièces d’engrenage, les chevilles d’assemblage ou les traverses de chemin de fer par exemple. Et le Bois Gli-Gli (Bucida buceras) utilisé comme arbre d’ornement mais aussi en construction et en menuiserie.
=> Pour trouver d’autres essences valorisée en bois d’œuvre et menuiserie en Martinique, la base de données AAA accessible gratuitement en ligne peut vous renseigner (sélectionnez la colonne « Valorisation/ Bois d’œuvre »).

Les arbres rares et menacés en Martinique
56 espèces d'arbres sont en danger d'extinction locale (en Martinique) et 12 en danger d'extinction totale (c'est-à-dire non présentes ailleurs dans le monde). C’est le conservatoire botanique de Martinique qui effectue le recensement des stations encore existantes et qui collabore aux inventaires de l’IUCN. Parmi les espèces menacées, citons le palmier Glou-Glou (ou Dendé) une espèce indigène qui se développe dans les forêts mésophiles. L’espèce est classée en danger d’extinction (EN) par l’UICN. Toutefois, selon les dernières observations du CBN de Martinique il s’agit d’une espèce en danger critique (CR). Inscrite à l’arrêté préfectoral du 26/12/1988, c’est une espèce protégée en Martinique. Dans le même cas, nous avons le bois Mabouïa (Cynophalla hastata) qui se développe dans les forêts littorales sèches et le cerisier montagne (Eugenia gryposperma).
=> Pour connaître le statut d’une espèce, vous pouvez consulter la base de données en ligne des arbres, arbustes et arbrisseaux de la Martinique en sélectionnant la colonne « Liste rouge IUCN », « Menace Martinique » ou encore « Protection 1988 ».
Les jardiniers-pépiniéristes de la pépinière des Trois Ilets vous attendent pour des conseils de plantation et d'entretien de votre jardin en Martinique ! Tél: 0596 68 61 59