Si vous vivez sous les tropiques — ou si vous avez la chance de posséder un jardin verdoyant en Martinique — il est possible qu’un visiteur inattendu vienne s’inviter parmi vos mangues ou vos goyaves. Oui, vous avez bien lu : les serpents. Mais pourquoi donc ces reptiles s'intéresseraient-ils à vos arbres fruitiers ? Et que faire si l’un d’eux décide de prendre ses aises près de votre maison ? On vous dit tout !
Pourquoi certains arbres attirent les serpents ?
Les arbres fruitiers, en particulier ceux qui produisent des fruits sucrés comme les manguiers, les goyaviers ou les papayers, attirent bien plus que les amateurs de smoothies. En réalité, ce sont d’abord les fruits mûrs tombés au sol qui font le bonheur... des rongeurs. Rats, souris et autres petits animaux viennent festoyer autour de ces douceurs naturelles.
Et qui dit rongeurs dit prédateurs : les serpents ! En effet, ces reptiles ne sont pas là pour grignoter une mangue, mais bien pour chasser ceux qui le font. Autrement dit, ce n’est pas directement l’arbre qui attire les serpents, mais toute la petite faune qu’il génère autour de lui.
À cela s’ajoute le fait que les feuillages denses offrent un abri idéal : fraîcheur, cachettes et hauteur. Un combo parfait pour un serpent en quête de tranquillité (ou d’un bon repas). Résultat : sans même le vouloir, votre bel arbre fruitier devient un petit écosystème... parfois un peu trop vivant.


En Martinique : quels serpents et quels dangers ?
En Martinique, il existe plusieurs espèces de serpents, mais un seul réellement dangereux pour l’homme : le trigonocéphale, aussi appelée fer-de-lance. Ce serpent venimeux peut mesurer entre 1,20 m et 2 m, avec une tête triangulaire bien caractéristique et un comportement discret… mais pas inoffensif.
Le trigonocéphale n’est pas agressif par nature, mais il peut mordre si il se sent menacé ou surpris. Sa morsure est douloureuse et potentiellement grave, nécessitant une prise en charge médicale rapide. Un sérum anti-venin est disponible depuis 1993 et depuis 2011, et l’introduction du bothrofav 2, les complications thrombotiques et les décès liés aux morsures du trigonocéphale ont presque totalement disparu.
On le trouve surtout dans les zones humides, les broussailles mais aussi dans les zones sèches (morne en face de Château gaillard , montagne du Vauclin ….).
Heureusement, la grande majorité des serpents de Martinique sont inoffensifs, comme la couleuvre couresse, un serpent non venimeux qui aide même à réguler la population de rongeurs, ou encore le leptotyphlops à deux raies, le plus petit serpent du monde qui ressemble à un vers de terre. Il vaut donc mieux apprendre à les identifier que de céder à la panique au premier sifflement ou à une odeur particulière que certaines personnes savent identifier, une odeur de « frais » qui signe la présence d’un serpent fer de lance.
Que faire si vous repérez un serpent chez vous ?
Tout d’abord, pas de panique. Un serpent n’est pas un monstre, et dans la plupart des cas, il essaiera de fuir plutôt que de vous affronter. Les vibrations les éloignent et Laetitia Tellier, la gérante de la pépinière des Trois-Ilets vous parle d'expérience: elle a travaillé dans les plantations de palmiers à huile en Côte d’Ivoire; pour éloigner les serpents, il suffisait de taper devant soi sur le sol avec un bâton pour les éloigner!
Voici quelques gestes simples à adopter si vous tombez nez à nez avec un serpent :
- Gardez vos distances : ne tentez surtout pas de le manipuler ou de le faire fuir à coups de balai. Un serpent stressé est un serpent qui peut se défendre.
- Observez-le à distance, si possible, pour essayer de déterminer son apparence (taille, couleur, motifs) — cela peut aider les secours à l’identifier.
- Contactez les pompiers (le 18) ou les autorités locales : en Martinique, des équipes sont formées pour capturer et relocaliser les serpents, surtout s’il s’agit d’un fer-de-lance. En Martinique, c’est Raymond Zabeth, surnommé « serpent » et amoureux de la nature qui est habilité à les récupérer
Ce serpent endémique à la Martinique a le statut d'espèce en danger et est placé sur la liste rouge régionale de l’UICN: il est interdit de le tuer ou de détruire son habitat. Pourtant à une époque pas si lointaine, c’est à dire jusqu'au début des années 90, il y avait une politique d'encouragement financier pour la capture voire l'éradication du trigonocéphale. Par exemple, les mangoustes ont été introduites sur l'île en 1894 pour en venir à bout, sans succès. Durant de nombreuses années, les municipalités récompensaient financièrement les chasseurs de trigonocéphale, à hauteur de 15 euros par tête. Entre 1960 et 2002, 193 574 serpents ont été capturés et tués en Martinique.
Depuis 20 ans, la législation a changé et le trigonocéphale s'est refait une santé. Il faut dire que les femelles peuvent pondre entre 50 et 80 petits serpents à chaque portée! Il y a donc de plus en plus de rencontres avec ce reptile… et de morsures. En 2020, le CHU tirait la sonnette d’alarmes avec 23 morsures en 6 mois.
Limiter la présence des serpents au jardin
Le serpent, ne trouvant plus à manger dans les bois, se rapproche de nos habitations où rodent les rats et petits rongeurs. Avec un peu de vigilance et de bon sens, il est tout à fait possible de profiter de votre jardin sans mauvaise surprise, avec quelques gestes simples
- Évitez d’attirer les rongeurs : ramassez fréquemment les fruits tombés, sécurisez vos poubelles. Moins de proies = moins de prédateurs.
- Taillez les herbes hautes, les haies denses et dégagez les bordures de terrain.
- Évitez de laisser des tas de bois, de pierres ou de feuilles mortes : ce sont des cachettes idéales pour les serpents.
- Espacez (et taillez) suffisamment les arbres fruitiers pour ne pas créer un feuillage continu dans lequel les serpents peuvent circuler librement.
- Plantez des espèces peu accueillantes pour les rongeurs, comme certaines plantes aromatiques (menthe, citronnelle, basilic).
Enfin, si vous êtes en zone rurale ou en bordure de forêt, pensez à porter des bottes hautes lors de vos balades ou travaux de jardinage. Mieux vaut prévenir que guérir !
Les jardiniers-pépiniéristes de la pépinière des Trois Ilets vous attendent pour des conseils de plantation et d'entretien de votre jardin en Martinique ! Tél: 0596 68 61 59