Qu’est-ce qu’une plante locale, endémique ou indigène de la Martinique?


Qu’est-ce qu’une plante locale? Ou endémique, ou indigène? Et si elle est naturalisée, ça veut dire qu’elle est de chez nous? Sont-elles plus précieuses que les autres plantes? Revenons un peu sur l’histoire géologique de la Martinique. D’origine volcanique, notre île, comme ses consoeurs des Petites Antilles est sortie toute nue (ouuh!) du fond de la mer.

Les plantes indigènes de la Martinique


Que de la roche, pas un brin d’herbe. Alors d’où sont venues ces premières plantes colonisatrices? Et si elles sont venues d’ailleurs, comment considérer que ce sont des plantes indigènes? Elles sont arrivées des contrées voisines: Amérique du Nord, Amérique centrale, Amérique du Sud et Grandes Antilles. Finalement quand il est question d’espèces natives, elles appartiennent en réalité au continent américain! Le vent a pu transporter des semences, les oiseaux aussi et bien sûr les courants marins. Les cyclones ont même pu permettre la migration de plantes venues d’Afrique!

Ces plantes, ce sont elles que l’on appelle plantes indigènes de la Martinique: elles sont arrivées et se sont installées sans intervention de l’Homme. Elles existent naturellement. Parmi les 3200 espèces de phanérogames (plantes à fleurs) de Martinique et de Guadeloupe, 55% sont des plantes indigènes qui y vivaient avant l’arrivée des Amérindiens.

La liste des AAA (Arbres, Arbustes et Arbrisseaux) de Martinique disponible gratuitement en ligne vous permet de savoir si une plante est indigène, exotique ou naturalisée. Une colonne précise son endémicité également (voir ci-dessous).

Les plantes endémiques de la Martinique

Une fois arrivées en Martinique, ces populations de plantes sont isolées sur le milieu fermé qu’est notre île et des adaptations, des mutations génétiques adaptées aux particularités de ce milieu nouveau pour elles (altitude, émanations toxiques des volcans, etc) ont pu se manifester. Au fil des générations, ces « nouvelles » plantes constituent une nouvelle espèce strictement localisée sur son lieu de naissance: c’est une plante endémique. Cela signifie qu’on ne la trouve nulle part ailleurs (création péyi 100% locale!). Elle peut être endémique à la Martinique ou se répandre sur les îles voisines et on la qualifiera donc d’endémique aux Petites Antilles. En tout, pour les îles de Guadeloupe, Martinique, Montserrat, Ste Lucie et Dominique on dénombre 86 espèces de plantes à fleurs endémiques. 32 d’entre elles vivent uniquement en Martinique.

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De par ses conditions particulières (altitude, émanations...) la montagne Pelée est un lieu de grande diversité végétale

Par exemple, sur la Montagne Vauclin, vit une espèce de merisier strictement endémique de Martinique: Eugenia gryposperma et dans la mangrove de Rivière salée, vit un ananas bois épiphyte également endémique de la Martinique.

La diversité exceptionnelle de toutes ces espèces font de la Martinique l’un des 25 « hot spots » dans le monde, c’est à dire des zones présentant le plus grand taux de biodiversité!

Toutes les plantes endémiques ne sont pas forcément menacées, mais étant donné leur localisation dans une zone très limitée, ce sont elles qu’on retrouve souvent sur la liste des espèces en danger d’extinction. Du fait des pressions anthropiques (urbanisation, défrichage, pollution, surexploitation du bois ou pillage en forêt comme ça a été le cas pour le célèbre gaïac…) mais pas seulement. Les conditions climatiques comme les cyclones ou les phénomènes volcaniques sont aussi responsables de l’extinction de certaines espèces. Et il y a également l’introduction de plantes exotiques qui s’avèrent parfois être de redoutables concurrentes…

Les plantes naturalisées à la Martinique

Plus récemment dans l’histoire, avec les mouvements de populations, l’homme a introduit des espèces venues d’ailleurs pour son usage (la banane et la canne à sucre d’Asie, le café d’Ethiopie, l’arbre à pain d’Océanie…). Certaines de ces espèces qui elles ne doivent pas leur présence au hasard sont restées sagement là où elles avaient été plantées: dans les champs ou près des habitations dans les jardins. Mais d’autres ont profité de l’occasion qui leur était donné pour s’aventurer un peu plus loin et visiter les milieux naturels. Certaines d’entre elles s’y sont si bien intégrées qu’on dit qu’elles sont naturalisées, c’est à dire qu’elles se reproduisent spontanément comme le cocotier originaire de l’Océan Pacifique qui s’est fait une place parmi la flore littorale ou le châtaignier (une forme à graines comestibles de l’Arbre à pain) qui se plaît en forêt moyennement humide. 15% des plantes de la Martinique et de la Guadeloupe sont des plantes naturalisées ou en voie de naturalisation et 30% ne sortent pas des jardins et des cultures (tout le monde n’a pas l’esprit d’aventure!)

Dans le cas de ces espèces introduites dans le milieu naturel, deux cas de figure: certaines n’évoluent pas et restent la copie conforme de leur ancêtre comme le cou de canard, une aristoloche originaire de la Jamaïque et localisée à Absalon. Mais pour d’autres, la même histoire se répète et de la même façon que les plantes dites indigènes arrivées sans l’intervention de l’homme, elles vont parfois s’adapter, se transformer au point d’aboutir à une nouvelle espèce qui est donc endémique. C’est le cas selon toute probabilité de l’estrée de Saint-Pierre qui serait à l’origine une plante exotique échappée du Jardin botanique de Saint-Pierre! Disparue de son unique station mondiale suite aux travaux de réaménagement du chemin de croix, elle fait l’objet d’un plan de réintroduction. Comment? Le Conservatoire botanique de Brest qui a mené des actions sur notre île en faveur de la conservation avant la création du Conservatoire botanique de Martinique a gardé dans ses serres plusieurs espèces antillaises disparues ou en voie de disparition (une chance!).

Les plantes exotiques envahissantes en Martinique

N’imaginons pas que l’introduction de plantes s’est arrêtée avec les indiens caraïbes et les premiers colons! C’est quelque chose qui se poursuit jusqu’à nos jours avec les jardiniers amateurs de plantes ornementales « exotiques » (vous!), exotique signifiant qu’elles viennent de pays étrangers. Si certaines peuvent se naturaliser comme on l’a vu, voire même donner naissance à des espèces nouvelles et endémiques, d’autres peuvent poser problème en devenant des plantes envahissantes. Un peu trop enthousiaste dans leur découverte de leur nouveau milieu d’adoption, elles vont se reproduire sans aide et plutôt frénétiquement, aux dépens de nos plantes locales, endémiques ou pas.

Alors, avec toutes ces informations, que choisir de planter chez soit lorsqu’on souhaite adopter une démarche écologique, responsable et respectueuse de la biodiversité de la Martinique? Pas si facile! Afin de rendre les choix des consommateurs plus responsables et de pousser les aménageurs locaux à privilégier dans leurs marchés publics les plantes locales (qu’elles soient indigènes, endémiques ou naturalisées) au détriment des plantes exotiques, une démarche de labellisation est en cours: le label végétal local. Déjà bien présent dans l’hexagone, cette démarche portée par le conservatoire botanique est également en train de se mettre en place en Martinique avec la participation active de la pépinière des Trois-Ilets aux côtés des acteurs publics.

Source: le grand guide de la biodiversité de Guadeloupe et Martinique; Plantes paysages et milieux de Sastre et Breuil.

Les jardiniers-pépiniéristes de la pépinière des Trois Ilets vous attendent pour des conseils de plantation et d'entretien de votre jardin en Martinique ! Tél: 0596 68 61 59